Nos ancêtres entre Pays de Nied et Warndt

Nos ancêtres entre Pays de Nied et Warndt

Le pied terrier de Voelfling en 1706

Après la guerre de Trente-Ans, le Pays de Nied était devenu un désert soit parce que les habitants avaient fui soit qu’ils étaient décédés, laissant les villages et les terres arables vacants pour des années.

Le calme étant revenu vers 1680, les anciens résidents de ces villages avaient décidé à revenir s’implanter en ces lieux dévastés la plupart et ont commencé à reconstruire les maisons et cultiver les terres agricoles.

La plupart d'entre eux ne savaient plus où se situait exactement leur propriété ou leur héritage. Parallèlement à ces rapatriés, de nombreux étrangers, des immigrants en provenance de France, du Tyrol, de Suisse, d’Alsace et du pays de Trèves sont venus dans notre région. Ils ont pris possession des jachères pour les cultiver. Cela a conduit inévitablement à des querelles entre les nouveaux arrivants et les habitants. Plus personne ne savait à qui appartenait quoi, on ne savait pas exactement où se situait les arpentages de chaque lot de terre.

La guerre avait apporté un grand désordre dans les villages et les bans et ainsi les procès étaient monnaie courante. 

Les domaines communaux étaient tellement enchevêtrés que l’on avait peine à les reconnaître.

Les villages avaient été désertés par leurs habitants, les champs étaient en friche, jusqu’à ce que certains, qui s'étaient installés dans le village, ont commencé à cultiver les champs mais sans savoir si cet héritage leur appartenait réellement.

Le duc Léopold de Lorraine a permis au début du XVIIIème siècle, à la demande de la population, un arpentage, un abornement et une nouvelle répartition des terres : ensemble que l’on nomma « Pied-terrier ».

 

 

Les propriétaires, leurs descendants et leurs héritiers ont été invités à fournir tous les documents, actes et autorisations pour justifier de leurs biens pendant un certain temps devant une commission. Cette commission était composée d'un commissaire du baillage, du maire et de plusieurs représentants du village.

Ils commencèrent par arpenter le ban : les maires et les représentants des villages des communautés voisines se sont réunis et arpentèrent les limites du village. Ils allaient d'un point de repère à l'autre, (arbre, rivière, fossé, forêt etc…) dans la mesure où ceux-ci étaient présents jusqu'à ce que toute la zone fut arpentée.

Rare étaient les compromis entre les personnes, car tout le monde voulait obtenir un avantage certain pour son village. Si l’on ne tombait pas d’accord, alors on imposait les limites et alors les nouvelles bornes étaient érigées.

Aux archives départementales à St Julien-lès-Metz on retrouve un « Pied-Terriers » de 1715 qui détaille la composition de la commission du ban de Dalem avec les villages avoisinants de Hargarten, Falck, Merten, Téterchen et Rémering (ADM 4E118).

Après l’arpentage du ban commença la  répartition des terres entre les habitants. Après présentation des preuves matérielles, on affecta à chaque propriétaire son bien dans les différents domaines.

Ces « Pieds-Terriers » sont un trésor pour tous les généalogistes. Ici on énuméra les propriétaires avant la Guerre de Trente-Ans ans,  avec les descendants et les héritiers, souvent 2 ou 3 générations.

 

Voici une copie et traduction du « Pied-terrier » de Voelfling-les-Bouzonville du 08.01.1706 :

 

Répartition des terres à Voelfling :

Aujourd’hui le 08/01/1706 ont comparu devant nous : Félix CHARTON, conseiller ai baillage d’Allemagne, les maires, habitants et propriétaires des domaines sur le ban de Voelfling. Ils doivent représentés les anciens propriétaires qui étaient inscrits dans la déclaration de 1626 en présence de Nicolas JACQUEMIN, procureur de Son Altesse au dit baillage, le soussigné greffier, de Barthel SCHRECKLINGER et Pierre KIFFER, désignés comme experts.

 

KIFFER Jacob, représente Peter KIFFER pour moitié et Maths SCHMIT pour moitié. Peter KIFFER de Voelfling à cause de Engel KIFFER son épouse, comme héritière.

 

Mathis HOFMAN, représenté par Peter KIFFER et Mathis SCHMIT chacun pour moitié par acquisition de Jacob PEIFFER de Leyding et consorts ; la moitié de Mathis SCHMIT est disputée.

 

Hans BAUR, représenté par Jean Nicolas SCHEINER pour les droits de Marguerite SCHRECKLINGER, son épouse et consorts pour 1/3, Jean PETIT (KLEIN) de Holling au nom de son épouse Marie JUNCK pour 1/3, Pierre EHL 1/3 pour lui. Jacob PEIFFER de Leyding réclame 2/5 des 1/9 de cette part, il réclame aussi 1/5 des 1/9 de cette part d’une acquisition du 24/11/1631. Les experts estiment que cela est justifié. Peter KIFFER et Mathis SCHMIT réclame ½ de cet acte d’acquisition du 24/11/1631. Cette proposition est acceptée.

 

CLOSEN Johann, représenté par Barthel SCHRECKLINGER de Bérus, pour ½ pour lui et pour l’héritage de Mathis SCHRECKLINGER, son père, lequel frère de CLAUSEN Johann était décédé sans héritiers. Georges STEINMETZER de Schreckling pour ½ à cause de Elisabeth HAUSER, fille d’Appoline ALTORFFER, fille de CLAUSEN Marguerite, sœur de CLAUSEN Johann,  décédé sans héritier. Jean SCHRECKLINGER de Bérus pour1/3 comme héritier de Marie Gertrude GRIES, sa mère, héritage d’Anna, épouse du dénommé CLAUSEN Johann. Le dénommé SCHRECKLINGER dit et confirme que les biens d’Anna enregistrés en 1626 par Pierre EHL de Voelflingen lui revenait et réclame ainsi le 1/3. Jean PETIT (KLEIN), Jean SCHRECKLINGER et Pierre EHL ont consentis à transférer à Barthel SCHRECKLINGER et Georges STEINMETZER ¼ de la part  de CLAUSEN Johann car les biens d’Anna EHL et le ¼ est très certainement été acquit par CLAUSEN Johann. Le transfert a été adopté par les deux parties.

 

Altmayers Clas, représenté par Pierre KIFFER de Voelfling, pour lui et pour moitié à ses héritiers, Mathis SCHMIT aussi pour ½  à la suite d’une acquisition de SCHUL Peter de Forweiler, héritier avec d’autre de Marie ALTMAYERS, héritage du dénommé ALTMAYERS Claus. Jean PETIT DE Holling et Pierre EHL de Voelfling, Jean SCHRECKLINGER de Bérus, réclament les droits sur ces biens selon une acquisition de 1647. Il a présenté l’acte.

 

Maria alias ALTMEYERS, représenté par Pierre KIFFER ET Matis SCHMIT chacun pour ½ à cause d’une acquisition de SHUL Peter. Ils veulent présenter l’acte d’achat.

 

MATS Jacob, représenté par Pierre EHL de Voelfling pour lui à cause de sa mère « Enne » DIEDERICH et Johan EHL son frère pour 1/9. Jean, Paul, Pierre, Vincent, Anne Catherine, Mathis tous WINCKEL pour le reste. Peter KIFFER …. « bebaut » ce bien selon un contrat de location du 22/01/1663.

 

STAMMELTERS Ditschen Sohn, Jacob, représenté par Jacob PEIFFER de Leyding et consorts pour 1/3, Adam HEITZ de Heckling et consorts pour 1/3, Mathis SCHWARTZ de Leyding et consorts pour l’autre tiers.

 

Clesgen MULLER de Ihn, représenté par Pierre KIFFER de Voelfling et Mathis SCHMIT aussi de Voelfling, héritier chacun pour 2/6 . KIFFER pour lui en raison de l’acquisition pour 3/5, Jacob HEHS de Ihn exige 9 jours ½ de terre de ces biens selon un contrat de partage qu’il veut soumettre.

 

SCHNEIDER Wilhelm, veuf, représenté par Mathis SCHMIT et Pierre KIFFER,  revendique 2 journaux de terre selon un contrat du 30/06/1631, qu’ils ont présenté.

 

Lauxen VIELHELM d’Itterdorf, représenté par Jean SCHRECKLINGER de Bérus, pour lui, Jean Nicolas SCHREINER à cause de Marguerite SCHRECKLINGER son épouse, Jean ROLLUS de Bérus à cause d’Anne Marie SCHRECKLINGER son épouse, enfants de Marie Gertrude GRIESE, héritiers de Christian GRIESE et Appoline EHL. Ils sont propriétaire de ce bien par acquisition du 23/08/1644 d’Anne, « Hausfrau » de Pierre SCHWARTZ et fille de Lauxen Hans, qui était frère de LAUXEN Vilhelm. Ils ont présenté l’acte d’acquistion.

 

Joseph PEIFFER de Leyding revendique un jardin à Voelfling selon un acte qu’il présente.

 

Théobaldt WINTER d’Ittersdorf, représenté par les héritiers Jean HAEN habitant d’Ihn, Nicolas HAMMAN, Jean SCHUTZ et consorts à cause de leur épouse, Jacob HAEN DE Guerstling pour lui, Stoffel HAEN également pour lui, habitant Grindorff et Adam HAEN de Filstroff, Pierre KIFFER comme tuteur de Catherine VALTER ou VALLER, fille de KJean VALTER et Suzanne COLLEBARTZ, 2 jous de terre à partager sur le ban de Schreckling et sur le ban de Voelfling sur le canton « Kartcher ». Les barons de ELTZ et METTERNICH réclame 174 jours de terre, etc…..

 

Hans Nickel SCHREINER, réclame un jour de terre selon un acte du 08.07.1628 qu’il présente.

 

Antoine CHRISTOPHE, de Bisten réclame sa part selon un acte du 23.11.1616, du 24.11.1629, de 1622, de 1625, de 1628 et du 13.11.1642 qu’il présente.

 

Pierre KIFFER et consorts réclame la teneur des actes du 17.01.1634 qu’il présente.

Les propriétaires suivants revendiquent encore :

 

Jacob JACQUEMIN, curé de Leyding, réclame une pièce de terre dans le ca=nton « Katsch ».

 

Pierre RIOLE, curé de Villing, réclame 2 jours de terre, selon un acte du 21.08.1645, qu’il présente ainsi que que des « dismes (Zenten) » la production de 2 jours de terre.

 

Peter KIFFER et Mathis SCHMIT, réclament une colline à vignes (avec raisin)  sous déduction de leurs terres agricoles. Cependant d’autres propriétaires exigent que l’aire de cette vigne soit distribuée au prorata de leur superficie possédée.

 

Schwester Catherina CONNEN, la Révérende Supérieure du Couvent de Téterchen, réclame la teneur d’un acte du 08.06.1610, qu’elle présente.

 

Bernard DALSTEIN, fermier de Jean BOISSIER (ROSIER), réclame la teneur d’un acte du 03.06.1672

 

Fait à Voelfling le neuf janvier mil sept cent sept.

Signature : CHARTON, JACQUEMIN, CORDIER

 

Source : ADM 4E608 du 08.01.1706.

 

*Jour ou journal de terre : unité de mesure correspondant à une surface labourable par un homme en un jour, soit 34 ares. Cette mesure de surface pouvait avoir des valeurs différentes suivant les régions.



16/03/2014
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